L'interview de Pascal Wild
Pascal Wild est le nouveau directeur de la Haute école de gestion Fribourg (HEG-FR) depuis le 1er juillet 2024. Pour Interface, il nous parle de l’ancrage de la Haute école dans les réalités du terrain tout comme des nombreuses possibilités qu’ont les entreprises de collaborer avec l’institution.
La HEG-FR entretient des relations étroites avec les entreprises régionales. En quoi une collaboration avec votre école est-elle intéressante pour elles ?
Il y a tout d’abord le côté humain. Trois-quarts des étudiants chez nous sont en emploi. Ce taux est l’un des plus élevés au niveau Suisse. Cette année, plus de 150 étudiants ont terminé une thèse de bachelor en collaboration avec une entreprise. L’un de nos objectifs est de former les employés des entreprises de la région en leur apportant les connaissances nécessaires au cours d’un cursus interdisciplinaire. Il y a ensuite le côté lié aux mandats et à la recherche. Une entreprise peut nous approcher avec un besoin spécifique, sur lequel nous travaillerons dans le cadre d’un mandat, ou, lors d’une collaboration plus étroite, dans le cadre d'un projet de recherche.
Comment se passe une collaboration pour un projet de recherche par exemple ?
Les entreprises viennent avec des demandes très variées. Nous travaillons de plus en plus sur des projets interdisciplinaires. Nous ne sommes pas une entreprise de consulting. Notre rôle est de mener des recherches approfondies basées sur des données fiables, et nous allons jusqu'à la formulation de recommandations. Un gros projet chez nous est par exemple lié à l’Observatoire du logement. Nous travaillons en étroite collaboration avec les régies immobilières du canton pour récolter et traiter un maximum de données sur les logements.
Quel est l’un des défis actuels de la HEG-FR ?
Depuis environ 5 ans, nous avons moins d’étudiants, en particulier de Suisses-alémaniques. Cette année, nous n’avons par exemple pas pu ouvrir de classe germanophone. Alors que les Romands sont intéressés à faire des études bilingues, les Suisses-allemands vont plus étudier du côté de Berne ou Zürich. La mixité linguistique dans les classes est importante pour nos étudiants, en particulier dans un canton bilingue. Nous sentons l’intérêt des étudiants romands de pouvoir échanger avec des étudiants de langue germanophone. Mieux faire connaître notre offre sur le marché alémanique est donc primordial pour nous et pour sauver le bilinguisme.
Comment adaptez-vous vos programmes pour inclure les nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle ?
C’est un gros sujet sur lequel nos professeurs doivent être à la hauteur. Ce n’est cependant pas une thématique qui me fait peur. Les nouvelles technologies changent bien sûr la dynamique, mais cela n’entraîne pas forcément des conséquences négatives. Comme pour tous les outils, il est essentiel d’apprendre les bases et de les surveiller attentivement. Actuellement, plusieurs professeurs suivent des formations sur la façon d’intégrer l’IA dans certains de nos cours. L’idée est de l’intégrer mais avec des règles strictes. Les étudiants doivent comprendre que le savoir ne peut pas s’externaliser. L’IA est un nouvel outil, comme le fût un temps la calculatrice par exemple, mais les connaissances de base seront toujours essentielles. Nous sommes là pour stimuler leur flexibilité cognitive et leur appétit du savoir.
Qu’attendez-vous des entreprises ?
Il ne faut pas qu’elles hésitent à nous envoyer leurs employés à temps partiel ou leurs stagiaires pour suivre une formation. Nous proposons aussi des cours pour les chefs d’entreprise qui souhaitent se former chez nous. Les entreprises peuvent aussi se faire connaître en intervenant sur un sujet particulier lors d’un cours ou en nous mandatant pour divers types de projets. Nous sommes vraiment intéressés par les PME, qu’importe la branche, et nous souhaitons leur offrir la possibilité d’être visibles auprès de nos étudiants.
La HEG-FR est reconnue pour offrir une formation duale de qualité. Un secret ?
Nos professeurs sont des praticiens qui sont sur le terrain, que ce soit au sein d’entreprises ou de l’un de nos quatre instituts de recherche. Cela permet à la HEG-FR de connaître les besoins et problématiques actuelles du monde entrepreneurial qui peuvent déboucher sur des collaborations intéressantes.
La HEG-FR vient d’obtenir l’accréditation « Association to Advance Collegiate School of Business ». Qu’est-ce que cette certification apporte à votre école ?
Cette nouvelle certification nous offre par exemple plus de possibilités au niveau des échanges internationaux. Elle nous ouvre des portes vers d’autres institutions à l’étranger. Un étudiant de la HEG-FR aura par exemple plus de possibilités pour faire un semestre à l’étranger ou y poursuivre ses études. De plus, c’est une opportunité pour notre école d’attirer certains intervenants de l’étranger qui sont à la pointe de leur domaine.
Propos recueillis par Anaëlle Deschenaux
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